dimanche 24 mars 2013

Double révolution au château de Chambord


Il y a de cela quelques jours, son institutrice a demandé à Charlotte (en CE2) de préparer un exposé sur le château de Chambord. Et comme les enfants doivent présenter leurs travaux à deux, et bien elle a également demandé à Charlotte de travailler sur ce projet. Alors oui, en effet, ça ne va pas simplifier cette histoire, il y a bien deux Charlotte dans cette classe de CE2, et elles vont étudier ce sujet ensemble (leurs copines les appellent Charlotte A et Charlotte P pour les distinguer, mais comme je suis joueur, je ne ferai rien pour vous faciliter la tâche...).

Nous nous sommes entendus avec les parents de Charlotte pour nous retrouver à Chambord, afin que les filles puissent visiter ce château avant de le présenter à leur classe.

Nous y voilà...

Par solidarité avec ma fille, j'ai moi aussi préparé un petit exposé, des fois que vous auriez dans l'idée de vous arrêter voir ce château en passant par la vallée de la Loire.

Alors supposons que j'aie 8 ans et demi (et même presque 9), comment pourrais-je vous raconter une visite à Chambord, et vous donner envie d'aller voir par vous-même pourquoi vous ne devez pas le rater ?

Une vue inhabituelle du château: à l'intérieur de l'escalier 
(source : Wikipédia, image de Nono Vlf)
Tout d'abord, juste quelques informations avant de nous intéresser à ce qui rend ce château exceptionnel, c'est à dire son escalier à double révolution. Voilà : ce château présente une façade de 156 mètres, et il compte pas moins de 77 escaliers, 282 cheminées, 426 pièces, 800 chapiteaux sculptés, et il est situé au cœur du plus grand parc forestier d'Europe, fermé par un mur d'enceinte de 32 km au total. Enfin, il a fallu environ 220 000 tonnes de pierres pour sa construction. Tout ça, c'était simplement pour vous donner une idée de la démesure du site.

À présent, nous allons pouvoir nous arrêter sur l'élément qui fait tout le charme de ce château, je veux parler de son escalier à double révolution (qu'est ce que ça sonne bien, je ne m'en lasse pas...). Cet escalier possède deux entrées à chaque niveau, et il est construit de telle manière que l'on peut voir ceux qui ont pris l'autre entrée (ce qui donne l'illusion de se trouver dans le même escalier), mais qu'il est alors impossible de s'y croiser ! 

Ça tombe drôlement bien, nous avons justement deux Charlotte, ce sera parfait pour tester cette incroyable réalisation. 

Une expérience inoubliable...

Nous commençons à monter l'escalier par une des entrées, pendant que charlotte et son papa empruntent la deuxième entrée. Et effectivement, c'est déconcertant: de hautes fenêtres sont percées au centre, et permettent de voir ceux qui sont de l'autre côté. Nous essayons de monter plus vite pour rattraper Charlotte et son papa, mais notre escalier semble vide, et nous nous retrouvons bien vite au dernier niveau. Mais où ont-ils bien pu passer ? Nous redescendons, et j'envoie Charlotte devant, courir dans l'escalier pour essayer de les trouver. Je croise alors Charlotte et son papa qui montent, mais étrangement, ils n'ont pas croisé Charlotte, qui était pourtant partie devant moi. Je commence à m'inquiéter : Charlotte a disparu. Je l'appelle en criant, et à cet instant, elle débarque au-dessus de nous, dévalant les escaliers à notre rencontre. Comment a t-elle fait pour se retrouver au-dessus de nous en descendant ?!? Nous demandons aux filles d'aller de l'autre côté pour que nous puissions les prendre en photo par la fenêtre. Charlotte part la première, suivie de près par Charlotte. Nous surveillons la fenêtre, et voyons alors apparaître Charlotte, mais cette fois-ci, c'est Charlotte qui a disparu... Nous demandons à Charlotte de ne pas bouger en attendant de retrouver Charlotte, qui réapparaît à l'étage du dessous !! Charlotte la rejoint et nous nous dépêchons de faire une photo d'elles avant qu'un autre sortilège nous plonge à nouveau dans des abîmes de perplexité.

Je ne sais pas pour vous, mais moi je crois que je suis vraiment en train de devenir complètement dingue... D'accord, cet escalier est vraiment diabolique. Et dire qu'à l'origine, il était envisagé qu'il compte quatre révolutions... Si vous vous êtes perdus en cours de route, ne vous en faites pas, c'est tout à fait normal: nous l'étions aussi. 

Et voilà comment nous avons passé vingt bonnes minutes à jouer à "Où est Charlotte", grandeur nature...

Pour ceux qui viendraient d'assez loin, ou bien pour ceux qui n'ont pas tout retenu de leur scolarité, voici quelques brèves informations supplémentaires sur l'histoire de ce château.


Tout d'abord, on peut se demander pourquoi un roi de France, François 1er en l'occurrence, roi de 1515 à 1547, a choisi de faire construire un château somptueux à Chambord en 1519. En réalité, il existait déjà un château à cet endroit, mais il s'agissait d'une forteresse médiévale, et non pas du chef-d'œuvre de la renaissance qu'il nous est donné de contempler aujourd'hui. Ensuite, la principale raison est très simple : cette forêt regorge de gibier, et François 1er était un inconditionnel de la chasse. Il voulait donc construire sa résidence à un endroit idéal pour satisfaire sa passion.




















Bien qu'il n'existe pas officiellement de document mentionnant le nom de l'architecte du château, il est plus que probable que Léonard de Vinci, que François 1er avait fait venir à ses côtés à Amboise, ait très largement participé à la conception des plans, ainsi que son assistant Dominique de Cortone, et François 1er lui-même.

Le roi a souhaité que son emblème, la salamandre, apparaisse en de nombreux endroits. Et de fait, il est quasiment impossible d'échapper à ce curieux animal. Dans les rares endroits où l'on ne trouve pas de salamandre, on peut voir les lettres FRF, qui sont l'abréviation de "François Roi de France". Le roi avait manifestement l'intention que personne ne puisse oublier qu'il s'agissait de SON château... Il lui est même venu à l'idée de détourner le cours de la Loire afin que le fleuve royal passe par son château. Mais la Loire fut plus forte que les ambitions du roi, et c'est finalement une rivière voisine, le Cosson, qui a été détournée vers le château. Il faut bien le reconnaître aujourd'hui: François 1er devait quand même avoir une excellente opinion de lui-même... Et tout cela pour n'y passer en tout et pour tout que 72 jours, avant de mourir en 1547.











Voilà, vous possédez à présent quelques notions essentielles sur le château de Chambord. Je ne suis pas vraiment sûr de pouvoir passer en CM1 avec mon exposé, mais au moins, vous savez maintenant pourquoi il serait impensable de manquer cette visite...
Vous trouverez des informations bien plus complètes ici, et également ici

Si vous allez le visiter avec vos enfants, ce qui est possible quel que soit leur âge, il faut savoir que les plus de 8 ans se verront offrir un petit livret, avec des jeux et des énigmes à résoudre, qui leur donneront alors droit à un petit cadeau en boutique.

Et pour préparer votre visite, je vous conseille d'aller voir par là. Voici un petit aperçu de ce que vous pourrez voir à Chambord :















dimanche 17 mars 2013

European Joke



Quand des touristes français tombent sur une blague en anglais dans un restaurant italien de la capitale hollandaise...

Une bonne surprise lors de notre premier échange à Amsterdam en avril 2012.

Et en plus, leurs pizzas étaient délicieuses, à l'image de leur humour...

samedi 9 mars 2013

All you need is Love

Hier matin, Aurore, 5 ans, était très fière d'aller à l'école avec son tout nouveau serre-tête, rose avec un magnifique petit nœud.
Le soir venu, au retour de la garderie, Marie lui demande : "Alors, tu as montré ton joli serre-tête à tout le monde, aujourd'hui ?"

Aurore (sur un ton navré) : "Ben oui, mais les garçons ils sont toujours pas amoureux de moi ! ".
...
Aurore, il faut savoir quelque chose : à cet âge-là, les garçons peuvent être très bêtes (si, vraiment).
Il y a autre chose qu'il faut savoir: ça peut durer très, très, TRÈS longtemps.
Mais il y a encore une chose qu'il faut savoir : il y en a beaucoup chez qui ça ne s'arrête jamais...

mercredi 6 mars 2013

Dans le secret des Beaux-Arts


Il y a encore quelques jours, nous étions en plein milieu des vacances scolaires, et j'étais alors en charge de la surveillance et des divertissements de mes filles. Charlotte étant inscrite à un stage de sport toute la semaine, mon rôle s'en trouvait largement simplifié: je n'avais plus que deux filles à distraire... 

Un des défis des vacances scolaires, c'est de trouver des activités suffisamment excitantes (mais surtout pas trop...) pour occuper les filles, afin d'éviter quelles ne tournent en rond dans la maison, et ne finissent fatalement par sonder les profondeurs de ma patience.

Je me suis demandé où je pourrais les emmener pour les épater, un endroit qui sortirait de l'ordinaire, qui serait merveilleux, magique, où l'on pourrait imaginer des aventures incroyables, peuplées de créatures étranges et inquiétantes, et qui nous permettrait d'écrire notre propre légende.

Ayant déjà arpenté toute la surface de la cité avec les filles, il faut se creuser la tête pour trouver cela tout en évitant le "pfff, c'est nul, on l'a déjà vu"... 

C'est alors que l'idée m'a traversé l'esprit : "Mais tiens, en parlant de creuser, et si je les emmenais sous terre ? Avec le temps qu'il fait, de toute façon, on sera aussi bien sous la ville que dans la rue...".

Ce n'est pas une idée si bizarre qu'elle peut en avoir l'air à première vue: il se trouve que même les endroits que nous fréquentons régulièrement regorgent de ressources auxquelles nous ne pensons pas toujours. Par exemple, les filles connaissent bien les jardins de la ville, comme celui des Beaux-arts (enfin, elles connaissent très bien ses jeux, toujours agréables même en plein été, et surtout leur super interphone dernier cri qui peut répéter tous les vilains mots...).

Le musée des Beaux-Arts de Tours est installé dans l'ancien palais de l'archevêché, et dispose d'un cadre absolument magnifique. Bien évidemment, l'éléphant Fritz, gardien du superbe cèdre libanais, n'a déjà plus aucun secret pour nous depuis bien longtemps, car il n'est pas question de nous rendre aux jeux sans saluer cette vedette incontestable.

Mais il y a beaucoup plus: le musée renferme un secret qui a échappé aux filles jusqu'à présent. Juste à gauche de l'entrée du palais, une porte tout à fait ordinaire donne accès à un souterrain qui conduit aux pieds du rempart gallo-romain, construit au quatrième siècle. Et là se trouvent des traces des événements fondateurs de la ville.

Un tel secret fait l'objet des plus grands soins, et il n'est pas possible de l'approcher sans être escorté par un guide du musée, qui nous conduira sous le palais, à condition toutefois de s'acquitter de la somme de 2€ par adulte. À ce moment-là, le guide ne le sait pas encore, mais ce prix est dérisoire par rapport à l'énergie que les filles peuvent déployer, même dans un espace aussi réduit, et il aurait été plus opportun de prévoir une équipe du GIGN...



L'éclairage est juste suffisant pour mettre les pierres en valeur, tout en conservant une ambiance mystérieuse, propre à imaginer une embuscade de gobelins, trolls ou autres démons. C'est parfait, les filles devraient être suffisamment impressionnées pour être sages...





Puis la descente commence et nous entraîne lentement sous le cœur du musée, vers l'histoire de Tours. Le rempart de la ville fut en partie construit avec des matériaux de récupération, provenant d'édifices publics du deuxième siècle. Ce qui est sidérant quand on observe ces fondations, c'est ce bric à brac de blocs de pierres, fûts de colonnes, chapiteaux, et tout cela empilé sans aucune cohérence apparente. Et dire que les remparts de la ville tiennent là-dessus depuis bientôt deux mille ans...
























Et puis, tout au bout de ce souterrain, bien calé par des milliers de tonnes de pierre, se trouve le Graal: un bloc de pierre sur lequel on peut voir des traces contemporaines de l'accession à l'indépendance de la ville de Tours : "CIVITAS TURONORUM LIBERA", la cité libre des Turons. L'ensemble des fragments de ces inscriptions serait une dédicace de la ville à l'empereur romain Claude et ses fils, Tiberius Claudius Drusus et Britanicus, inscrite sur les murs d'un temple élevé en l'honneur de l'empereur suite à la conquête de la Bretagne, autour de l'an 50. L'intérêt aujourd'hui est surtout de constater qu'à cette période, Rome a déjà accordé son autonomie à Caesarodunum, et la cité des turons deviendra bientôt Tours...



Bon, je dois le reconnaître, je m'attendais à ce que les filles soient au moins impressionnées, voire légèrement effrayées par l'ambiance du souterrain, et qu'elles se collent à moi pour que je les protègent, ce qui m'aurait permis de me conforter dans mon rôle de papa indestructible, courageux, infaillible, tout ça tout ça...

Et bien pas du tout. Mais alors vraiment pas du tout.

Nous étions à peine entrés qu'elles se sont mises à courir partout pour explorer les moindres recoins, escalader les blocs de tuffeau, et donner des coups de pieds dans les cailloux qui traînaient par terre, en poussant des cris de joie (en tout cas, ça n'avait vraiment pas l'air d'être de la peur...).


Et moi, pendant ce temps, un rien embarrassé, j'essayais de suivre les explications de ce pauvre guide qui me regardait, médusé, et continuait de tenter de m'éclairer comme il le pouvait, pendant que les filles nous couraient autour, prévoyant peut-être de nous faire prisonniers...

Dans cette situation, je peux toujours tenter de faire celui qui ne les connait pas, mais cette fois, ça avait peu de chances de prendre: nous ne sommes que quatre dans ce souterrain, je suis arrivé avec elles, et en plus elles m'appellent papa (difficile d'échapper à mon destin dans ces conditions...).


En plus de cela, les démons et gobelins m'ont lâchement abandonné et ont préféré rester cachés au plus profond des ténèbres, plutôt que de venir se mesurer à deux petites blondes de 5 et 6 ans. Les mauviettes. Ça, je leur resservirai la prochaine fois qu'ils essayent de venir jouer les pénibles...

Un peu plus sérieusement, si l'histoire de la ville de Tours vous intéresse, et si vous aimez les lieux insolites qui échappent à la plus grande fréquentation, venez voir par ici, vous ne serez pas déçus. Et puis les trolls ne sont pas près de remettre les pieds aux Beaux-Arts...



Vous pourrez lire des infos bien plus sérieuses et détaillées sur ces inscriptions dans les archives de la "Revue archéologique", ici, et aussi .
Et si vous voulez voir des images superbement réussies de ce souterrain, vous en trouverez ici, chez Dan, sur son blog "Un regard sur Tours", sur lequel vous trouverez plein d'autres photos splendides de notre ville...